JUGY À TRAVERS L'HISTOIRE

Jugy à travers l'Histoire 

Aux temps Préhistoriques 

Le village de Jugy est situé au pied d'une colline boisée de 334 mètres, l'une des plus élevées du canton. La forêt qui la couvre s'appelle la Brosse. Dés les temps préhistoriques, ce lieu a été un centre de peuplement, comme l'attestent les silex, les haches et divers instruments de pierre polie que l'on y a trouvés. 

Il reste un monument celtique remarquable : le Tumulus du Peu (Peut). Il s'agissait d'un cône régulier de 30 mètres entouré sur trois côtés d'un fossé d'une largeur d'environ 10 mètres, avec à la base un diamètre de 130 mètres. Son sommet tronqué présentait une forme de 10m2. Ce tumulus a été construit à partir du relief naturel : il y a une colline qui s'avance comme un promontoire dans le vallon de Scivolières. Sur ce tumulus dominait une croix en bois. 

Exemple de Tumulus à Clermont - le Fort (Ariège)

A quoi servait ce tumulus ? Était-ce un vaste tombeau ? Était-ce une butte militante ? Était-ce une butte défensive ?

C'est cette dernière hypothèse qui prédomine, car ses vastes dimensions, sa situation topographique lui donnent l'apparence d'une motte ou fortification dont la défense était bien facile par l'escarpement de ses flancs qu'on pouvait rendre inabordable par des pieux ou de simples abattis d'arbres et par le fossé profond qui l'entourait de trois côtés. 

Aujourd'hui le tumulus est à peine visible dans la forêt : il reste le cône, le fossé, et une dépression d'environ 3 métres au sommet, circulaire comme l'orifice d'un puits. Est-ce de ce puits creusé à main d'homme qui vient le nom du Tumulus du Peu ?

Aux temps des Romains et des Barbares 

Les conquérants romains stationnèrent dans les premiers temps de leur occupation au Castrum de Ciric dont le Tumulus du peu formait comme une citadelle avancée. Lorsque leur domination fut solidement assise, ils descendirent de leur camp pour élever à Jugy de belles villas. 

Maquette de la villa romaine (matour.fr)

En réparant le chemin de Sennecey à Jugy, au lieu appelé "Le Carouge" on a découvert les restes d'une grande villa romaine. Dans ses ruines a été retrouvé un vaste bassin ou piscine en ciment alimenté par des eaux de source qui jaillit dans le petit vallon de Scivoliéres et qu'on y avait amenées dans des tuyaux de plomb mis à découvert par les fouilles. Les bois à demi brûlés et les cendres retrouvés dans ces ruines indiquent que la villa a du être détruite par un incendie, comme l'ont été les villas de Sens, probablement à l'époque des invasions burgondes. 

De nombreuses monnaies ont été trouvées dans le sol : de Tibére, Domitien, Trajan, Constantin. Elles étaient entassées et formaient un petit trésor, caché sans doute au moment de la destruction des villas par les Barbares. 

En 1872, au lieu-dit "La crouillote" ( ou "La Crouillate"), l'ouverture d'une carrière a fait découvrir un petit polyandre ou cimetière romain. Les tombes, placées les unes à côtés des autres et orientées de l'Ouest à l'Est, sont formées de cases longues de 1,74m, en pierres d'inégales grosseurs jointes avec du ciment.  

A la tête se trouvait une large dalle verticale et le couvercle de chaque tombe se composait aussi de dalles d'inégales grosseurs et de ciment très dur. Quelques monnaies se trouvaient à côté de squelettes encore entiers. 

Les barbares ne s’installèrent pas sur les ruines romaines, mais fondèrent à distance un village qui devint Sanctus Germanus de Buxis : Saint Germain des Buis. 

Saint Germain des Buis

Le village de Saint Germain des Buis, dont il ne reste guère de vestiges, formait jadis une paroisse dont Jugy était une dépendance. 

La cause de la disparition du village est vraisemblablement une de ces nombreuses épidémies de peste qui ont décimé si souvent les villages au moyen âge et même à l'époque moderne. Les habitants n'y sont rentrés qu'aprés la cessation du fléau, à cause de la rareté de l'eau. 

Les habitations de Saint Germain des Buis sont tombées en ruine avant l'église qui est restée debout et en activité jusque vers la fin du XVIIIème siècle. Condamnée ensuite par l'autorité diocésaine, elle a achevé de s'écrouler peu à peu sous l'action du temps. 

D’après le plan qui en a été dressé vers 1875 après étude des ruines, cette église se composait d'un porche de 6m de long sur 8 mètres de large avec une porte de 2m de long, d'une nef de 13m de long sur 3m de large et d'un Chœur circulaire de 3m de diamètre. Elle touchait par un de ses angles un grand chemin appelé "La rue aux morts". Son orientation était d'Est en Ouest, son architecture romane de l'époque primitive. 

Après le départ des habitants du village, les services religieux et les inhumations ont eu lieu encore longtemps dans l'église de Saint Germain. 

D’après les registres paroissiaux, ces inhumations étaient fréquentes : c'est ainsi que " Damoiselle Marguerite de Malvoisin" a été inhumée le 15 Avril 1658, Philippe Dureau, vigneron à Jugy, le 1er novembre 1661 ou Claude Barbier de Corlay au bas du Chœur de l'église le sixième jour du mois de Septembre 1662.

En 1662, l'église était dans un tel état de délabrement que monseigneur Henri-Félix de Tassy, alors évêque de Chalon, dut y interdire le service divin. Par suite de cette interdiction, le Saint Sacrement fut transporté dans une Chapelle située à Jugy où résidait déjà le curé de Saint Germain, en face de l'emplacement de l'église à Jugy qui n'existait par encore ; on avisa alors à la construction d'une église à Jugy (qui ne démarrera qu'en 1769) et à l'érection d'une cure à Corlay, autre hameau de la paroisse de Saint Germain des Buis dont les habitants étaient obligés d'aller aux offices à Nanton. 

Les choses restèrent en l'état jusqu'en 1711 où les habitants de Corlay, mécontents de se voir joints à une paroisse étrangère, prirent sur eux de faire des réparations à l'église abandonnée de Saint Germain et présentèrent à l'évêque une requête pour faire lever l'interdit, qui demeura malgré tout. Toutefois, ce ne fut que le 19 novembre 1760 que l'Abbé de Saint Pierre de Chalon fut envoyé pour faire une nouvelle visite à l'église Saint Germain des Buis, et prononça l'interdiction définitive du culte. 

La commune de Jugy

 

Jusqu'en 1654, Jugy était un hameau de Saint Germain des Buis, mais par arrêt du Conseil du 18 mars 1654, le hameau de Jugy fut distrait de la paroisse de Saint Germain et joint à celle de Boyer. En 1694, l'abbé Narboud nouveau curé, se désigne sous le nom de Curé de Jugy et de Saint Germain des Buis alors que son prédécesseur, l'abbé Dieusy se disait curé de Saint Germain des Buis, Jugy et Corlay. En 1715, le prêtre se dit seulement curé de Jugy. 

Le Prainet et le Monceau furent rattachés à Jugy à la révolution. Quant au hameau du chêne, il fût réuni à Jugy en 1834 au moment de la confection du cadastre. Jugy atteignit alors sa superficie actuelle de 769 hectares.

la commune de Jugy compte 10 hameaux ou quartiers : le Carouge, Le Chêne, Le Cros-Foulot, Les Cours-Duriaux, Les Cours Guenaches, Les Cours Romenay, Le Montceau, Le Prainet, Ratier, Scivoliéres. 

 

L'église de Jugy date du XVIIIème siècle. La bénédiction de la première pierre eut lieu le 15 juin 1769 par l'abbé Claude Bataillard, curé de la paroisse mandaté à cet effet par l'évêque de Chalon. En 1856, devenue insuffisante, elle fut agrandie : on fit un transept composé de deux chapelles, l'une dédiée à la Sainte Vierge, l'autre consacrée au Sacré-Coeur, on allongea la nef de 4m50 et on mit un autel en pierre de style doré, ouvre du sculpteur Colasson de Chalon sur Saône.  

Jugy a longtemps vécu de la vigne et le vignoble au XIXéme siècle couvrait 170 hectares. Jusqu'en 1850, la population, principalement composée de petits vignerons, dépassait les 600 habitants. A partir de 1875, le phylloxéra s'abattit sur Jugy et ses environs et détruisit la totalité du vignoble, ce qui entraîna dans la misére nombre de vignerons et les poussa à quitter le village. Le nombre d'habitants est ainsi passé de 529 en 1875 à 416 en 1896. Par la suite, les vignes furent replantées sur près de 200 hectares. 

Aujourd'hui, Jugy comporte plus de 300 habitants et le vignoble n'est plus la principale source d'activité. On y trouve une entreprise de mécanique, deux entreprises de maçonnerie et trois exploitants agricoles. L'école accueille une partie des éleves du Regroupement Pédagogique Intercommunal formé par les communes de Boyer, Jugy, Mancey et Vers. Il n'y a plus de commerces, si ce n'est le bar "Le St Germain".

 

Le Chêne

 

Le chêne est un hameau groupé autour d'une belle habitation, surnommée "Le Château du Chêne" au bas de laquelle jaillit la source du ruisseau "Le Merderix" dans le trou de Madame. A l'entrée du château se trouvent deux pavillons identiques aux toits d'ardoise en coupole, dont l'un est une chapelle abandonnée, bénite en 1863.

En 1565, le château appartenait Albert de Gonti, comte de Retz. Né à Florence en 1522, il suivit Catherine de Médicis en France, fut dans les bonnes grâces de Charles IX, d'Henri III et d'Henri IV. Il mourut en 1602, fort riche. On l'accusa d'avoir été l'un de ceux qui conseillèrent le massacre de la Saint Barthélemy. On ignore comment il obtint le fief du Chêne qu'il vendit à Philippe Bureteau. La famille Bureteau le conserva jusqu’à la Révolution. La propriété passa alors aux familles Sériziat, puis de Lagénardière et de Régis. 

Non loin du Château du Chêne, se trouvait, avant 1789, le temple de Rougepont. Cette maison hospitalière, avec Chapelle, avait été construite par les chevaliers de Rhodes ou les Templiers. Ce temple était situé presque sur le bord de la grande route de Chalon à Tournus, sur la rive droite du Merderix qui passe en ce lieu sous un pont jadis en briques appelé Rougepont, de la couleur des briques. Aprés la Révolution, le temple et ses dépendances sont tombés en ruines aujourd'hui disparues. Le souvenir du temple et de l'hospice de Rougepont s'est même effacé de la mémoire des habitants du pays. 

 

 

Scivoliéres 

Le hameau de Scivolières est cité dès les temps les plus anciens comme un meix, c'est à dire un mansus romain composé de terres avec une construction servant à l'habitation du colon et à l'exploitation de la propriété. 

Une opulente villa romaine a pu exister en ce lieu. 

Le château de Scivoliéres n'a jamais dû être considérable, mais il avait une chapelle, comme en témoigne la trace d'une pension viagère de 15 livres donnée en 1547 à l'abbé Philippe Guillot pour venir y officier. En 1719, le château est décrit comme partie ruiné, mais le seigneur de Scivoliéres avait le droit de faire assembler ses sujets pour aller à la chasse quand bon lui semblait et avait justice sur ses terres et sur tous les meix des environs. Il prenait aussi une partie de dîmes de Rougepont. 

Le château a aujourd'hui disparu. Une maison a été bâtie  sur son emplacement et a changé plusieurs fois de propriétaire depuis le XIXème siècle. 

 

Le logo du village de Jugy

 

 

 

 

 

 

Le bleu symbolise les deux cours d'eau : le coulou et le Merderix qui prend sa source au "Trou Madame" et qui sépare la langue d'Oï au Nord et la langue d'Oc au sud. 

Le jaune représente la porte du soleil. A partir de Jugy l'architecture change (tuiles rondes tiges de bottes du Mâconnais) et apparaissent les cigales. 

Le vert désigne l'environnement de bois et de pâturages. 

Ce logo a été réalisé par Mr SIVIGNON Patrick